Salut à tous, bande de petits fans curieux.
En attendant le festival Cap Bulles qui aura lieu en notre belle ville de Soignies le dimanche 22 mars prochain, je vous propose de patienter avec un petit making-of du projet Dyamant en plusieurs épisodes, histoire de se mettre quelque chose sous la dent (vu que pour le moment j'ai relativement peu le temps de dessiner malheureusement) et d'expliquer un peu comment notre collectif Synapses travaille.
Si vous n'avez pas encore lu Dyamant, je ne vais pas vous spoiler complètement la lecture, mais il est clair que quelques détails que j'exposerai ici lèveront un peu le voile sur certaines parties du récit. Vous voilà prévenus.
Aujourd'hui: la mise en place du scénario
Un projet comme Dyamant, c'est en gros une année de travail.
Le projet a été officiellement lancé en février 2014. Comme j'étais cette fois à la manoeuvre pour le scénario, j'avais déjà en tête la trame globale du projet, et nous nous étions réunis, les 7 Synapses, pour en valider le principe et se fixer un planning. L'idée à ce moment-là était que je fasse le découpage de chaque histoire pour avril, et que tout le monde dessine ses planches pour fin septembre. Ainsi, nous aurions largement le temps de sortir Dyamant avant la fin de l'année.
Ha ha ha ! La bonne blague ! :-)
La suite démontra qu'il fallait, entre fin des études, travaux divers, et glandouillages variés (gniarkgniark ;-) plus de temps à certains d'entre nous pour se mettre au boulot et pour le finir. Finalement, la date de remise des planches sera repoussée à fin décembre pour une sortie en grande pompe chez JP le 14 février 2015 (ce qui nous permit de placer le grandiose et improbable slogan « pour la St Valentin, offrez un Dyamant à l’élu(e) de votre cœur », slogan qui, avouons-le, aurait perdu un peu de son charme pour la St Nicolas).
Maaaais mais mais, tout le monde s'en fout en fait de nos problèmes d'agenda, revenons donc à cette fameuse trame globale du projet.
Au moment d'imaginer le scénario de Dyamant, dans ma grande sagesse de Monsieur Hibou, j'ai pris en considération deux remarques que nous avions reçues concernant nos précédents collectifs.
- The Rôbeur Chronicles était le premier collectif que nous avions fait sur la base de "un scénariste, sept dessinateurs". L'idée était d'avoir une plus grande cohérence dans nos albums, et nous éloigner un peu du format "fanzine" basé sur un simple thème. Le résultat fut un recueil plutôt costaud (chaque histoire faisait 16 à 18 planches), mais beaucoup de lecteurs nous exprimèrent leur sentiment de manque de cohésion du tout: chaque histoire était bien en soi, mais on avait du mal à voir le lien entre elles à part un univers commun. D'autres nous firent remarquer que la fin ouverte de l'ouvrage appelait une suite... qui n'arriva jamais. De quoi en laisser plus d'un sur sa faim. Pour toute réclamation à ce sujet, merci de vous adresser à Blue Fox, qui se fera un plaisir d’y répondre avec douceur, armure et épée à deux mains.
- Les grenouilles vivent la nuit vint inverser cette tendance. Au lieu de 7 récits trop vaguement reliés entre eux, nous nous attaquâmes à une histoire unique, divisée en 7 chapitres qui se suivaient et se mélangeaient directement. Les personnages étaient communs, les liens entre chaque histoire très forts. Cette approche créait forcément un récit beaucoup plus cohérent mais fit apparaître d’autres problèmes. Au niveau graphique d’abord, l’obligation de reprendre tous les mêmes personnages força notre scénariste (Sarah Barbare pour ne pas la nommer) à nous fournir des travaux préparatoires très détaillés : les personnages, leur caractère, leurs caractéristiques physiques, les décors, la maison, son jardin, l’emplacement de chaque endroit devait être cohérent. Toutes ces contraintes bridaient un peu la liberté que chaque dessinateur avait eue dans les collectifs précédents, et ne plut pas à tout le monde (« Mais pourquoiiii je suis obligée de le dessiner avec cette coiffure super mooooche ???? »). De plus, certains lecteurs nous confièrent leur désarroi devant les inévitables changements de styles graphiques : quand les histoires ne se suivent pas directement, ce n’est en général pas gênant, mais ici ça posait problème à certains de nos fans (pas tous heureusement parce que bon, on avait quand même fait un effort pour coller au mieux à l'univers de notre Princesse Barbare).
BREF !
L’un dans l’autre, toutes ces jérémia... heu... je veux dire... tous ces judicieux conseils m’amenèrent à poser deux bases pour le projet Dyamant :
- Les histoires devraient avoir un lien assez faible pour que chaque dessinateur ait un récit indépendant, qui puisse coller au mieux à son style graphique
- Ce lien devrait cependant être assez fort pour qu’il y ait un fil conducteur clair entre les histoires, et qu’à la fin de la lecture les récits forment un tout évident, avec une fin qui soit une vraie conclusion et vienne « fusionner » l’ensemble.
C’est ainsi qu’est né Dyamant : chaque histoire se passerait à une époque différente. Mais un objet, qui finalement serait le cristal maléfique ayant donné son nom à l’ouvrage, traverserait les âges dans une quête désespérée pour dominer la terre et nous asservir. La fin devrait faire intervenir un élément qui relierait le tout, et dont je ne vous parlerai pas sinon je vous gâcherai la lecture.
Avec cette approche, je limitais les éléments graphiques à reproduire au seul cristal, laissant pour le reste la liberté à chacun d’interpréter les personnages et les décors à sa sauce. Et je m’assurais aussi de pouvoir offrir à chacun un univers qui lui corresponde : les Vikings pour Blue Fox étaient une évidence, l’Atlantide pour Sarah Barbare aussi. La prohibition pour SoliKson forcément. La liberté était telle que lors de la première réunion certains de mes petits camarades eurent l’outrecuidance de venir avec leurs desiderata : « tu me fais un Western ? », « oh moi j’adorerais l’époque de la révolution française ». C’est ainsi que je me suis retrouvé avec une histoire de trop. Tant pis, j’en dessinerais donc deux.
Le principe de récits historiques me permit aussi d’ancrer l’histoire dans le réel : il y a une multitude d’éléments historiques véridiques qui parsèment le récit de Dyamant, mais ça je vous en parlerai la prochaine fois, j’ai déjà été bien trop bavard !
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